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AB — 19 — AB

jambes, qu'il avoit quatre membres de abondance. (Percef. vol IV, fol. 16. R°. col. 1.)

C'est la même signification dans ce passage : « Le Duc de Bourgongne et le Duc Aubert de Bavière.... avoient en la cité de Cambray marié leurs enfans, chacun fils et fille, auquel mariage le jeune Roy de France fut et vint de grande abondance ; " c'est-à-dire que sa présence augmenta de beaucoup la pompe et la magnificence de la fête. (Froissart, liv. II, p. 285.)

Comme les frais d'une acquisition sont une augmentation au prix principal de la vente, dans l'ancien langage du Barreau, on entendoit par abondances, les frais de contrat, de prise de possession. « Si l'acquereur a mis ou fait mettre plus grand pris à son contrat que la chose ne lui a cousté, et semblablement déclare plus grande abondance qu'il n'y a, le lignager ne les payera pas. " (Cout. géné. T. II, p. 93.) « S'il est trouvé et prouvé que l'acquereur ait mis ou fait mettre en son contrat plus grand pris que la chose n'a cousté, il fait amende arbitraire.... et aussy s'il a mis en ses abondances, cousts et mises, plus grandes choses qu'il ne doit, il en fera amende. " (Ibid. p. 94.)

De là l'expression mettre à abondance un achat, pour augmenter avec fraude la somme tant du prix principal que des frais d'une acquisition, afin de faire payer au retrayant un héritage plus cher qu'on ne l'a acheté. (Voy. Cout. gén. T. II, p. 13. Et le verbe ABONDER ci-après.)

On dit encore « d'abondance de coeur la bouche parle ; « expression proverbiale qui se trouve dans Crétin, p. 196. C'est la traduction de ces mots de l'Evangile : Ex abundantia enim cordis os loquitur. (Luc. 6, 45.)

VARIANTES :

ABONDANCE. Orth. subsist.

HABONDANCE. Joinv. p. 25. — Saintré, p. 33.

HABUNDANCE. Ord. T. I, p. 607, col. 2. — Faifeu, p. 109.

Abondant

adj.

Ce mot subsiste sous la première orthographe dans le sens d'abondable ci-dessus. On l'employoit autrefois comme adverbe avec la préposition de, et l'on écrivoit d'abondant ; en latin ex abondanti (Du Cange, ubi suprà), pour de plus, outre cela, comme dans ce passage, « à une mesme heure avons retrouvé nostre filz si longuement perdu, et avec luy d'abondant une belle fille. " (J. Le Maire, Illustr. des Gaules, liv. I, p. 143.) D'abondant étoit déjà vieilli du temps de Vaugelas.

VARIANTES :

ABONDANT. Orthog. subsist.

ABUNDANT. Du Cange, Gloss. Lat. aux mots ex Abundanti. T. I, col 68.

HABUNDANT. L'Amant resusc. p. 108.

Abondenement

subst. masc. Abondance.

C'est le sens que paroît offrir ce mot dans les vers suivans :

Girart prist à trembler com si fut mis en glace. Et se prist à plorer si très-amèrement. Que nuls ne pourroit dire voir l'abondenement.

Ger. de Rouss. MS. p. 184.

(Voy. ABONDER ci-après.)

Abonder

verbe. Enfler, exagérer. Affluer, venir en foule. Rassembler en foule.

On pourroit, en remontant à l'origine de ce mot, faire naître l'idée de la signification propre, d'abondable, abondance et abondenement ci-dessus. Abonder vient du latin abundare, formé lui-même de unda, et qui se dit proprement d'une rivière qui déborde et s'épanche hors de ses bornes, lorsqu'elle est enflée ou grossie par l'affluence des eaux qui viennent de la fonte des neiges, par les pluies, etc.

De là l'acception figurée d'abonder employé dans un sens actif, pour enfler, exagérer, comme l'on dit aujourd'hui enfler la dépense. Autrefois, en fait de retrait ; « abonder plus grande somme, c'étoit faire paroitre avec fraude au parent lignager qui retire un héritage, qu'on a payé cet héritage plus cher qu'on ne l'a effectivement acheté. " (Laur. Gloss. du Dr. fr.) " Si aucun acquereur en faisant la connoissance du retrait au lignager, abonde plus grande somme de deniers pour le sort principal, qu'il n'en a payez.... il restituera au... retrayeur les deniers qu'il avoit trop abondez. " (Cout. gén. T. II, p. 13. — Voy. ABONDANCE ci-dessus.)

Pour " affluer, venir en foule ". On disoit figurément ; " là abondit l'avant-garde, les bannieres et les estendars : si furent les Gandois rompus et mis en fuite. " (Mém. d'Ol. de la Marche, liv. 1er. p. 401.) Alors ce verbe est neutre.

On peut expliquer habonder au même sens dans les vers qui suivent, puisque " se rassembler " est une extension naturelle d'affluer, venir en foule.

Quant loing me vy des doulx acointemens De celle en qui toute vertu habonde, Jeune, gentil, belle, plaine de sens, Je croy de moy n'a plus belle en ce monde.

Eust. des Ch. Poës. MSS. fol. 155, col. 1.

Pris dans une signification active, et cependant toujours la même, abonder a signifié rassembler en foule.

En quy se va loger, une tour y fonda En quy de toutes pars ses gens y abonda.

Ger. de Rouss. MS. p. 54.

C'est le même sens dans ce vers :

... maint mal norrist et abonde.

Fabl. MS. du R. n° 7218, fol. 255, R° col. 2.

De là, on a dit abondiz " a deux ou trois des privez " pour " rassemblé, renfermé avec deux ou trois amis, " en parlant d'un Ministre qui flattoit son maître lorsqu'il étoit présent, et le déchiroit en son absence.

.... quant il est d'illuec partiz, Et priveement abondiz. A II ou III des privez, LÀ ert ses Sires sers clamez , Là mesdisoit et lesdengeoit .

Parten. de Blois, MS. de S. Ger. fol. 165, V° col. 3.

(1) Là estoit son Seigneur appelle vilain ou serf. - (2) Injurioit.