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se pourvoir.... sur les abouts ou héritages hypothéqués. " (Cout. gén. T. I, p. 1160.)

Laurière dans son Gloss. du Dr. fr. donne deux définitions de l'about spécial. Dans la Coutume de Ponthieu, dit-il, " c'est un fond désigné à un créancier par tenans et aboutissans, afin que ce créancier acquière ensuite dessus une hypothèque spéciale. "

En effet, cette Coutume porte, que " quand aucunes rentes sont vendues à vie ou à héritages, elles sont réputées pour debtes mobilières ; si elles ne sont hypothéquées et réalisées, quelque about espécial qui soit déclaré par le vendeur, ou mis ès lettres de la constitution desdites rentes. " (Cout. gén. T. I, p. 680.)

Suivant la Coutume de Metz, non-seulement le fonds est désigné, mais encore hypothéqué spécialement par le débiteur. (Laur. Gloss. du Dr. fr.) " Il ne suffit pas d'asseurer l'about spécial de la rente, ains faut assurer le tous-us du constituant, et celuy qui aura obtenu l'asseurement, sera tenu de discuter les hypotecques spéciaux avant que s'addresser au tous-us, s'il n'y a titre pour recognoistre ledit about ". (Nouv. Cout. gén. T. II, p. 400, col. 1.)

Il semble qu'on ait distingué quelquefois l'about du fonds, et qu'on ait entendu par le premier, les maisons, les édifices construits sur un terrain, pour la sûreté du payement de la rente à laquelle il étoit affecté. " Le... rentier est tenu, ayant fait faire la... voet-stellinghe sur l'about, ou partie d'iceluy, de sept jours paravant le jour servant, faire signifier iceluy au propriétaire de l'about et fond ". (Nouv. Cout. gén. T. I, p. 304, col. 1.) Cette expression, " faire la voet-stellinghe, " dans la Coutume de Langle, est la même que " faire mise de fait, " saisir réellement dans la Coutume de la Ville et Châtellenie de Bourbourg. (Ibid. p. 491, col. 1.) Dans la Coutume de Gorze, on lit : " Si le débiteur deuement interpellé, refuse de payer la rente et interest au terme, faute de moyens, ou que l'about donné pour assurance, vienne à dépérir.... le créancier pourra le contraindre, afin que son deub ne courre risque d'estre perdu, à luy payer le sort principal ". (Nouv. Cout. gén. T. II, p. 1089, col. 2.)

On étoit à couvert de pareil risque, en abournant et déterminant la quantité d'ouvrage nécessaire pour l'entretien et pour la réparation des abouts, des édifices hypothéqués. (Voy. Laur. Gloss. du Dr. fr.) De là, ces expressions devise d'about, et faire aboult d'ouvrage, que Du Cange a mal expliqué par hypothéquer, dans son Gloss. lat. au mot haboutare, col. 1025. " Là où il seroit mestier de retenue, édification, ou admendement de édifice qui se puist faire à devise d'aboult.... aucuns des Eschevins.... accompaignez de Maistres Charpentiers et Massons, feront visitation sur le lieu de ce qui sera nécessité de faire pour l'entretenement et retenue des héritages et édifices d'iceux, et que ce soit par eux estimé à somme d'argent ". (Coutume de Mons, au Cout.

gén. T. I, p. 820.) " En tant qu'il touche les arrentemens qui se feront volontairement des maisons et édifices, on pourra pareillement mettre devise de faire aboult d'ouvrage sur le lieu ou autrement " (Ibid. — Voy. CONTRABOUT ci-après.)

VARIANTES :

ABOUT. Cout. gén. T. I, p. 1160, passim.

ABOULT. Cout. gén. T. I, p. 820. — Nouv. Cout. gén. T. II, p. 275, col. 2.

HABOULT. Cout. gén. T. I, p. 820, T. II, p. 862. — Nouv. Cout. gén. T. I, p. 396, col. 1.

HABOUT. Nouv. Cout. gén. T. I, p. 443, col. 1 et 2.

Aboutée

subst. fém. Terme d'architecture.

Sorte d'ouvrage qui semble avoir quelque rapport avec celui qu'on nomme encore bouté. " En mur moitoyen, le premier qui assiet ses cheminées, l'autre ne luy peut faire oster et reculer en faisant la moitié dudit mur et une chantelle pour contre-feu. Mais quant aux lanciers et jambages de cheminées, et simaizes ou aboutée, il peut percer ledit mur tout outre pour les asseoir à fleur dudit mur, pourveu qu'elles ne soient à l'endroit des jambages ou simaizes du premier bastisseur ". (Coutume de Bar, au Cout. gén. T. II, p. 1040.)

Abouter

verbe. Borner, mettre des bornes. Hypothéquer. Aboutir, confiner.

Le sens propre est borner, mettre des bornes, marquer les extrémités d'un terrain, d'un héritage, etc. (Voy. ABOUT ci-dessus.) En termes d'arpenteur, c'est désigner la partie la plus étroite d'un héritage qui aboutit à un autre. (Du Cange, Gloss. Lat. au mot Abbutare, sous Butum.)

Dans l'arpentage, on borne les terres par longs et bouts. On entend par longs, les extrémités les plus longues ; par bouts, les plus courtes.

Par extension, ce mot signifioit hypothéquer un fonds en le désignant par bouts et côtés. " Douaire et préfix ne saisit la douairière, ains doit estre demandé de l'héritier ou héritiers, n'est donc qu'il soit assigné et abbouté spéciallement sur certaines pièces ". (Cout. de Saint-Mihiel, au Nouv. Cout. gén. T. II, p. 1054, col. 2.)

Dans une signification neutre, abouter étoit le même que notre verbe aboutir, tant au propre qu'au figuré.

... tout leur consel abouterent A cou qu'al Roi Felipre alerent.

Ph. Mouskes, MS. p. 635

On l'employoit plus souvent dans le sens propre : " maison qui aboute, etc. " maison dont les abouts, les extrémités touchent à une autre. (Trés. des Chartres, Reg. 91, Pièce IV, Lettres du mois de Décembre 1338.) C'est au même sens qu'on lit : " Chevaucheront à une forest... qui aboute à mains d'une lieue de Maliferne ". (Modus et Racio, MS. fol. 295, R°.)

Sezile qui sur mer aboute

G. Guiart, MS, fol. 260, R°.