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Abuisonner

verbe. Duper.

D. Carpentier, dans son supplément au Gloss. croit pouvoir dériver ce verbe du substantif Busio, buse, pris dans le sens figuré de dupe. (Voy. les passages par lui cités, de deux Chartes de la fin du XIVe siècle, dans lesquels ce mot paroit avoir cette signification.)

VARIANTES :

ABUISONNER, ABUSSONNER. D. Carp. suppl. au Gloss. de Du C. au mot Busio.

Abuleter

verbe. Donner ou recevoir un bulletin, un certificat.

D. Carpentier dérive ce verbe du substantif Bulleta, pris dans le sens de certificat, reconnoissance. Abuleter, signifioit proprement donner ou recevoir le certificat du serment d'obéissance prêté. C'est en ce sens qu'on disoit. " Jurez et abuletez. " (Trés. des Chart. Reg. 173, pièce 525.) On trouve ce mot avec la même signification, dans plusieurs passages tirés aussi des Reg. du Trés. des Chart. cités par D. Carpent. (Suppl. au Gloss. de Du C. au mot Bulleta. — Voy. BULLE ci-après.)

VARIANTES :

ABULETER. Trésor des Chart. Reg, 173. Pièce 525.

ABULLETER, ENBULLETER. D. Carp. suppl. au Gloss. de Du C. au mot Bulleta.

Abus

subst. masc. Abus. Artifice.

Le mot Abus subsiste. Nous ne le citons que pour remarquer qu'il a été introduit dans notre langue, à l'occasion du plaidoyer de Cugnières et de Bertrand. Le premier s'étant servi des termes " de torts et entreprises dont usoit le Clergé sur le Roy ; " Bertrand, pour adoucir ces expressions, convertit le mot de torts en celui d'Abus, que Gerson fit valoir dans son Traité de la Puissance ecclésiastique. De là l'expression appel comme d'abus. (Voy. Pasq. Rech. liv. III, p. 255.)

On a employé le mot abbuz pour artifice, illusion, dans ce passage... " Estoit ainsi tout esbahy par l'abbuz des trois Damoiselles. " (Percef. Vol. III, fol. 82, V° col. 2.)

VARIANTES :

ABUS. Orthog. subsist.

ABBUZ. Percef. Vol. III, fol. 82. V° col. 2.

Abuscer

verbe.

Broncher.

C'est proprement se heurter et donner du visage contre terre en bronchant. (Voy. ABUCHEMENT ci-dessus, pour Achoppement.)

Ses cevaus si fort s'abusca Par les cailleus, k'il defroissa ; K'il est si durement keus, Que tout froissiés est ses escus.

Ph. Mousk. MS. p. 457.

A la planche vint, si monta ; Ne sai dire s'il s'abuissa Ou escrilla ou mesmarcha : Mès il chaii et se néa.

Rom. de Rou. MS. p. 151 et 152.

Cette signification paroît s'être étendue, pour ex primer l'action d'un cavalier qui se heurte et s'accroche à son éperon.

Envers Raimon isnellement sailli ; Mais au saillir, forment li mescaï ; A l'esperon s'abuissa, si flati Encontre tiere, etc.

Anseis, MS. fol. 10, V° col. 2.

VARIANTES :

ABUSCER (s'). Phil. Mousk. MSS. p. 457.

ABUCHER. D. Carp. suppl. au Gloss. de Du C. au mot Boutare.

ABUISSER. Rom. de Rou. MS. p. 151.

ABUISSIER. Fabl. MS. du R. n° 7615. fol. 187, R° col. 2.

Abusement

subst. masc. Abus.

(Voy. R. Estienne, Dict.)

Abuser

verbe. Faire abus.

La première orthographe de cet mot subsiste ; et l'on dit encore abuser du temps, pour en faire mauvais usage ; mais l'on ne dit plus comme autrefois, soy abuser, pour abuser de soy-même, de son temps. " Soy abuser au pillaige " pour s'amuser au " pillage, y employer le temps mal à propos. " (Voy. le Jouvencel, MS. p. 125.) On dit encore dans quelques cantons de la Bourgogne, s'ébuser, pour s'amuser. On écrivoit aussi habuser, au lieu d'abuser ; faire abus, dans le sens propre :

Las aujourd'hui voy mainte creature De ces cinq sens laidement habuser Et en user contre toute droiture, Estre muyaulx et de sens aveugler.

Eust. des Ch. Poës. MSS. fol. 45, col. 2.

Abuser d'un Office, pour l'exercer sans y avoir été admis. (Ordonn. T. III, p. 587.)

CONJUG.

Abus, part. Abusé. (Voy. Froiss. Poës. MSS. p. 271, col. 1.)

VARIANTES :

ABUSER. Le Jouvencel. MS. du R. p. 125.

HABUSER. Eust. des Ch. Poës. MSS. fol. 45 col. 2.

Abuseur

subst. masc. Qui abuse. Trompeur.

Au premier sens, on a dit abuseurs en leurs offices, qui abusent de leurs charges, qui prévariquent. (Joinville, p. 122. — Voy. les Dict. de Monet, de R. Estienne, au mot Abuseur. — Ord. des Rois de Fr. T. III, p. 587. — Sagesse de Charron, p. 325, et Rabelais, T. II, prolog. p. 5, etc.)

On a dit aussi abuseur, pour trompeur, " charlatans et abuseurs. " (Des Acc. Bigar. liv. IV, fol. 44, V°.)

Abuseux

adj. Plein d'abus. Qui abuse.

Nous ne trouvons ces deux acceptions que dans Cotgr. Dict.

Abusif

adj. Où il y a abus.

Nous ne citons ce mot en usage, que pour rapporter l'expression ancienne, couronne abusive,

(1) glissa. On dit encore griller en Normandie, pour glisser. — (2) fit un faux pas. — (3) pencha, tomba — (4) estre muet.