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VARIANTES :

ACCORDE. Gloss. sur les Cout. de Beauvoisis. Ger. de Rouss. MS.

ACORDE. Parten. de Blois, MS. de S. G. fol. 164, R°, col. 2.

Accordé,

partic.

Ce mot, qui subsiste, étoit familier au maréchal de Matignon, qui, dans la conversation, répondoit Accordé, sur tout ce qu'on lui disoit : " Il se comporta à la Cour tousjours de mieux en mieux avec la lentitude et son mot usité accordé et son serment col Dieu. " (Brant. Cap. fr. T. III, p. 370.)

On sent que dans cette expression accordé, il y a ellipse ; comme dans l'expression subsistante d'accord, que nous employons dans le même sens.

Accordement,

subst. masc. Convention, accord. Droit seigneurial.

Ce mot, au premier sens, signifie en général convention, accord ; en latin Pactum compositio. (Loix Norm. ubi suprà.)

Quant il orent ensamble lor Concile tenu, De cest accordement sont joïaus devenu.

Fabl. MS. du R. n° 7218, fol. 339, V° col. 1.

En termes de droit féodal ou de coutume, ce mot désigne un droit seigneurial ; proprement la convention, l'accord qui fixe les droits censuels, les " lods et ventes qui sont dûs au Seigneur censuel par l'acquereur, lequel a accoutumé d'en accorder et composer à son Seigneur à certaine somme. " (Laur. Gloss. du Dr. fr.)

On l'a même employé dans la signification de lods et ventes, soit qu'on eut composé ou non de ce droit avec le Seigneur. (Voy. Du Cange, Gloss. Lat. au mot Accordamentum.)

On distingue l'accordement du rachat " Qui veult achapter aulcun héritaige qui est tenu en fief ou en cens d'aulcun Seigneur, il fault rachapt ; et en cens accordemens.... Ledit Seigneur de fief doit avoir pour son rachapt la levée d'une année. " (La Thaumass. Cout. de Berri, ch. CXXIII, p. 286.) " L'accordement.... entre gens lais est de quatre blans qui valent vingts deniers tournois pour livre ; et en cens d'église deux sols pour livre pour ce qu'ils n'ont point de retraict et les gens lais ont retraict. " (Ibid. ch. CXXIV, p. 286.) Il n'y " a au cens du Roy aultres accordemens que double cens quant le cas y advient. " (Ibid. ch. CXVIII, page 285.)

Ce droit a lieu : " En cas de ventes et alienation, ou de mutation de Seigneurie, aultre que en ligne directe. " (Ibid. ch. XCVIII, art. III, p. 222.) " En nul lieu de France l'on ne paye nuls accordemens pour succession, reservé en la ville et septene de Bourges. " (Ibid. ch. IV, p. 257. - Voy. ACCORDE et ACCORD ci-dessus.)

VARIANTES :

ACCORDEMENT. Du Cange, Gl. Lat. au mot Accordamentum, col. 85.

ACORDEMENT. Loix norm. art. 12.

Accorder,

verbe. Réconcilier. Ranger, disposer. Convenir. Traiter.

Ce mot, dans le sens propre et subsistant, signifie mettre des instruments d'accord. (Voy. CORDER ci-après) ; d'où l'acception figurée mettre d'accord, réconcilier.

Le veray repentant, de temps la grand longuesse N'accorde pas à Dieu, mais la contrition.

Ger. de Rouss. MS p. 186.

On a même appliqué la signification propre d'accorder, aux convenances ou proportions que l'on observe dans l'arrangement et la disposition d'une armée, d'où vient accorder, pour ranger, disposer.

Piritoüs a conrées Ses batailles et accordées D'un à l'autre, etc.

Athis, MS. fol. 71, V° col. 2.

En étendant toujours la même acception, ce mot a signifié toutes sortes de rapports ou convenances ; et c'est dans le sens général de convenir, que le verbe accorder exprime encore aujourd'hui la convenance, le rapport d'une chose avec une autre ; mais on ne dit plus : " Ce qu'envoyé nous avez par avant, n'accorde pas à ce qu'escrit nous avez à present. " (Monstr. Vol. I, ch. IX, p. 11, V°.) Nous dirions : ne s'accorde pas.

Il désigne aussi un rapport d'idées, de sentimens ou d'opinions sur le même objet. On disoit autrefois en ce sens, accorder les uns aux autres, pour signifier, convenir ensemble, être d'un même avis. " Ilz accordent les uns aux autres qu'ilz ne se loueroient point un terme que par certain pris. " (Modus et Racio, MS. fol. 223, V°.)

C'est au même sens qu'on lit : " Les uns disent que Memnon les trcuva... en Egypte ; autre accordent du lieu, mais asseurent, etc. " (Des Acc. Bigar. fol. 1, V°.)

De là, s'accorder à une entreprise, pour y consentir, être à ce sujet de même avis, de même sentiment que les autres. (Le Jouvencel, MS. p. 518.)

Ce verbe exprimoit aussi quelquefois, en parlant des personnes, un rapport d'inclination et de sympathie, d'où naît l'union. " Mainte belle chevalerie avoit faict.... et ce fut ung de ceulx... à qui le Roi se accorda le mieulx. " (Lanc. du Lac. T. III. fol. 36, V° col. 2.)

(Voy. ACCORDANCE ci-dessus.)

On vient de voir s'accorder à une chose, pour y consentir : par une application particulière de cette acception générale, on a employé le verbe accorder dans le sens de traiter, faire un accord, une convention : " Eut advertissement comme iceluy Duc de Cleves avoit accordé avecques l'Empereur. " (Mém. de Du Bellay, liv. X, fol. 910, R°.)

CONJUG.

Accordis (j'), prétér. ind. J'accorday. (Mém. de Montluc, T. I, p. 41.)

(1) Banlieue. — (2) disposées, rangées.