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AC — 73 — AC


Acompaignement,

subst. masc. L'action d'accompagner. Association.

Ce mot subsiste au premier sens sous la dernière orthographe. Mais on ne diroit plus : " L'acompaignement qu'il ont fait de nous. " (Ord. T. III, page 588.)

Il signifioit aussi figurément association, communauté de biens. (Gloss. sur les Cout. de Beauvoisis, au mot Acompagnement. - Beauman. p. 11.)

On le trouve pour association à la propriété d'une terre, que l'on nommoit aussi Pariage, dans les Ord. des Rois de Fr. T. V, p. 390 et 391, note D. (Voy. ACOMPAIGNER et COMPAGNÉE ci-après.)

VARIANTES :

ACOMPAIGNEMENT. Ord. T. III, p. 588.

ACCOMPAGNEMENT. Ord. T. V, p. 390, etc.

ACOMPAGNEMENT. Gloss. sur les Cout. de Beauvoisis.

Acompaigner,

verbe. Fréquenter, vivre ensemble. Associer. Familiariser. Comparer.

S'accompagner, proprement se faire compagnie. Charlemagne, au lit de la mort, pria ses enfans :

.... qu'ils s'entr'amassent, Et que souvent s'accompaingnassent.

H. de Fr. en vers à la suite du Rom. de Fauvel, MS. du R. n° 6812, fol. 86.

On disoit aussi acompaigner charnelement une femme, pour vivre, habiter avec une femme, avoir sa compagnie charnelle. (Beaumanoir. Cout. de Beauvoisis, p. 99.)

Par extension, ce mot s'est pris souvent pour associer : " Charlemagne accompagna Loys... en l'Empire. " (Chron. St Denys, T. I, fol. 122, V°.)

On l'employoit même en parlant d'un pariage ou association à la propriété d'une terre. (Ord. T. V, p. 390.) D'une société de commerce. (Ibid. T. III, p. 33.) Des associations, pour les entreprises de chevalerie : " Ces trois Chevaliers s'estoient accompaignez, pour la raison des trois Pucelles qu'ilz aimoient par amours. " (Percef. Vol. VI, fol. 59, R° col. 2.)

C'est encore dans la signification d'associer, qu'on a dit de Bertrand Du Guesclin, qu'il devoit " estre accompaigné aux neuf Preux pour les biaux faits qu'il fit. " (Hist. de Bertrand Du Guesclin, par Ménard, p. 2.)

De là, s'accompaigner, pour se rendre égal, se rendre familier. Le Duc de Bretagne étant entré chez le Connétable de Clisson : " Tous se leverent... et le recueillirent... ainsi qu'on doit recueillir son Seigneur, et il s'accompaigna et humilia grandement envers eux et s'assit entre eux. " (Froissart, Vol. III, p. 195.)

Enfin Oudin explique ce mot dans le sens de comparer, extension naturelle d'accompagner, associer. (Voy. COMPAGNON ci-après.)

CONJUG.

Accompaing (J'), indic. prés. J'accompagne.

Tuit mis ami.... que j'accompaing ensemble o moy.

Fabl. MS. du R. n° 7218, fol. 26, R° col. 2.

S'accompaine, subj. prés. S'accompagne. En latin Jungatur. (Règle de St Benoît, lat. et fr. MS. de Beauv. ch. 25.)

Accompaigniet, indic. prés. Associe. En latin Sociat. (St Bern. Serm. Fr. MS. p. 318.)

VARIANTES :

ACOMPAIGNER. Test. du Comte d'Alençon à la suite de Joinville, p. 184.

ACCOMPAGNER. Oudin, Dict. Pasq. Rech. liv. VIII, p. 663.

ACCOMPAIGNER. Ord. T. III, p. 33.

ACCOMPAINGNER. H. de Fr. en vers, à la suite de Fauvel, MS. du R. n° 6812, fol. 86, V° col. 2.

ACOMPAIGNIER. St Bern. Serm. fr. MSS. p. 318.

Acompiller,

verbe. Accomplir, effectuer.

Nul, tant soit clerc, apostiller Ne sçauroit au vray ma pensée, Ne mon desir adnichiler, Ne ma voulunté acompiller Pour en estre récompensée.

Oeuv. de Roger de Collerye, p. 61.

(Voy. ACCOMPLIR ci-dessus.)

Acon,

subst. masc. Petit bateau.

On appelle encore en terme de marine, accon, un bateau plat pour aller sur les vases. Les Poitevins s'en servent dans les marais. Celui qui est dedans le mène en poussant la terre avec le pied. (Ménage, Dict. étym.)

Aconcepvoir,

verbe. Rejoindre, rattraper, atteindre.

C'est en ce sens que Le Duchat explique ce mot, qu'il dérive du latin adconcipere. " Ce terme (dit-il) est particulier à Rabelais dans cette signification. " Il est vrai que Rabelais s'en est servi dans plusieurs endroits. (Voy. T. I, p. 167 et 182, T. V, p. 185.) Mais il n'est pas le seul qui en ait fait usage. On lit dans Joinville p. 97 : " Les aconceupt, et mist par terre deux Turcs à belle pointe de lance. " Dans Lancelot du Lac : " S'il fust venu par icy nous le eussions bien aconceu à ce que nous sommes tant hastez. " (T. III, fol. 118, V° col. 2.)

On le trouve encore dans les Vigil. de Charles VII. (Part. I, p. 8, 53, 140 et 168. - Ibid. Part. II, p. 50 et 81.) Le passage suivant peut servir d'exemple de l'orthographe aconscevoir :

Le Roy de Navarre le sçeut, Et vint à son ost et armée Batant tant qu'il les aconsçeut

A deux lieues pres de la Eysmée.

Vigil. de Charles VII, Part. II, p. 50.

Cette même orthographe nous eut fait soupçonner que aconsceut, aconceut, etc. étoient des altérations du prétérit parfait d'ACCONSUIVRE ci-dessus, si nous ne trouvions l'infinitif aconcepvoir, dans ce passage : " On luy mettoit une grosse perche appuyée à deux arbres ; à icelle se pendoit par les mains, et d'icelle alloit et venoit sans des pieds à rien toucher, qu'à grande course on ne c'eust peu aconcepvoir. (Rabelais, T. I, p. 166.)

VARIANTES :

ACONCEPVOIR. Rabelais, T. I, p. 166.


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