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DICTIONNAIRE HISTORIQUE DE L’ANCIEN LANGAGE FRANÇOIS

BI


Bidaulx, subst. masc. plur. Espèce de fantassins. Ces troupes n’étoient autre chose que des paysans armés qui étoient à la solde de tous les partis indifféremment. C’est probablement le même mot que bibaux, expliqué ci-dessus. C’étoit proprement des troupes irrégulières adonnées au pillage. Elles portoient des pavois et des couteaux.

Bidaux, Navarrois, Espaingniaus
Remainent vaches et aingniaus :
Aucuns d’eus viennent par les voies,
Troussez de gelines et d’oies.

G. Guiart, MS. fol. 334, V°.

Au reste, les bidaux étoient d’assez mauvais soldats, et c’est dans un sens injurieux que les Provençaux sont désignés sous ce nom, dans Choisy. (Vie de Ph. de Valois, p. 73.) Le Duchat, sur Rabelais, T. III, p. 96, n° 4, croit que c’étoit différentes sortes de milices flamandes, et il dérive ce mot de celui de bedaut. Il est contredit par Fauchet (Liv. II des Origines, p. 105), où il est dit que bedaut vient de bidaux. On voit, dans Froissart, qu’ils marchoient souvent avec les Génevois et les arbalétriers, et quelquefois avec d’autres peuples, comme Normands, Picards, etc. L’éditeur de Froissart dit, à la page 70 du Livre I, qu’il ne peut pas déterminer la signification de ce mot. Je crois que c’étoit le nom de quelque peuple d’un canton de la Flandre. Cependant M. de Valois dit que les petaux désignoient les fantassins du Poitou, et les bidaux[1], ceux du Berry. Il donne cette opinion comme une découverte nouvelle. (Valois, Notice des Gaules, p. 449. — Voyez le Dict. de Cotgrave ; le Gloss. lat. de Du Cange, au mot Bidaldi ; Laurière, Glossaire du Droit fr. ; Boulainvilliers, Essai sur la Noblesse, p. 73 et suiv. ; Milice françoise du P. Daniel, T. I, p. 139 et 293, et Caseneuve, Origine de la Langue françoise.) « Si en fit le dit Alexandre un sien frère escuyer, chastellain, appellé Anthoine de Chaumont, et pour mieux garder la ville, le comte d’Erby luy laissa ses archers, et quarante bidaux à tout pavas. » (Froissart, Liv. I, p. 130.) « Entre ces Anglois, avoit pillards, et bidaux gallois et cornouaillois qui portoyent grans coustilles. » (Ibid. p. 152.) « La commencerent à traire sur ces bidaux, et Genevois qui estoyent devant la


porte. » (Ibid. p. 70.) « Et estoyent bien Normans, bidaux Genevois, et Picars, environ quarante mille. » (Ibid. p. 67.) « Aucuns Genevois et bidaux allerent près des bailles, pour escarmoucher et paleter. » (Ibid. p. 88.)

VARIANTES :

BIDAUS. G. Guiart, MS. fol. 346, R°.
BYDAUS. Hist. de Fr. à la suite du Rom. de Fauv. fol. 79.
BIDAUZ. G. Guiart, MS. fol. 347, R°.
BIDAUX. Choisy, Vie de Phil. de Valois, p. 73.
BIDEAUX.
BIDAUT. G. Guiart, MS. fol. 299, R°.

Bidaut, subst. masc. Terme d'amitié. "Alors mon petit bidaut, baisse la tête." (Contes de Cholières, fol. 140.) On voit mon petit bedault employé de la même manière, dans Rab. T. III, p. 96.

Expressions à citer :

Bidaut de culle butte. (Epith. de M. de la Porte.)
Bidault de calebute. (Cotgrave, Dict.)
Bidet de culebute. (Oudin, Dict.)
Ce sont des expressions obscènes.

Bidente, adj. au fém. Qui a deux dens. (Voyez le Dict. d'Oudin.)

Bidet, subst. masc. Petit cheval. - Fer à marquer. - Arme à feu.

Ce mot subsiste dans le premier sens. On dit même encore comme autrefois : " Pousser son bidet, pour aller son chemin, " continuer ce que l'on a commencé.

Moquez-vous des sermons d'un vieux barbon de père,
Poussés votre bidet, vous dis-je, et laissés faire.

L'Etourdi, de Molière, act. I, scène II.

Oudin explique aussi ce mot par fer à marquer. (Voyez son Dict. françois-italien.)

Enfin, le mot bidet étoit le nom d'une arme à feu, d'un pistolet de poche, ainsi appelé par analogie avec bidets, les plus petits chevaux, suivant Fauchet, des Orig. Liv. II, p. 123. (Voyez le Dict. d'Oudin, et Boulainvilliers.) " Tira de la pochette de ses chausses un petit bidat[2] à cinq canons qui se déchargeoient ensemble, ou séparément, comme on vouloit. " (Nuits de Straparole, T. II, p. 212.)

Bido, subst. Vie, dans le patois de Cahors. (Dict. de Borel, au mot Glouper.)

  1. (1) Le mot est resté comme nom propre, ce qui exclut l'origine bi, plus dard ; elle est encore inconnue. (N. M.)
  2. (2) Le mot se trouve en ce sens dans d’Aubignë (Hist., II, 170) et dans Paré (IX, Préf.) (M. R.)

MI.