Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/113

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confiance ; que c’était une chose nécessaire dans la vie, que d’avoir quelqu’un à qui on pût parler, et sur-tout pour les personnes de son rang. Les jours suivants, elle reprit encore plusieurs fois la même conversation ; elle m’apprit même des choses assez particulières qui se passaient. Enfin, il me sembla qu’elle souhaitait de s’assurer de mon secret, et qu’elle avait envie de me confier les siens. Cette pensée m’attacha à elle ; je fus touché de cette distinction, et je lui fis ma cour avec beaucoup plus d’assiduité que je n’avais accoutumé. Un soir que le roi et toutes les dames s’étaient allés promener à cheval dans la forêt, où elle n’avait pas voulu aller, parce qu’elle s’était trouvée un peu mal, je demeurai auprès d’elle : elle descendit au bord de l’étang, et quitta la main de ses écuyers, pour marcher avec plus de liberté. Après qu’elle eut fait quelques tours, elle s’approcha de moi, et m’ordonna de la suivre. Je veux vous parler, me dit-elle ; et vous verrez, par ce que je veux vous dire, que je suis de vos amies. Elle s’arrêta à ces paroles, et me regardant fixement : Vous êtes amoureux, continua-t-elle ; et parce que vous ne vous fiez peut-être à personne, vous croyez que votre amour n’est pas su ; mais il est connu, et même des personnes intéressées. On vous observe, on sait les lieux où vous voyez votre maîtresse, on a dessein de vous y surprendre. Je ne sais qui elle est ; je ne vous le demande point, et je veux seulement vous garantir des malheurs où vous pouvez tomber. Voyez, je vous prie, quel piége me tendait la reine, et combien il était difficile de n’y pas tomber. Elle voulait savoir si j’étais amoureux ; et, en ne me de-