Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/117

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donniez tout autre soin que celui de me plaire. Je ne vous ferai pas perdre celui de votre fortune ; je la conduirai avec plus d’application que vous-même ; et, quoi que je fasse pour vous, je m’en tiendrai trop bien récompensée, si je vous trouve pour moi tel que je l’espère. Je vous choisis pour vous confier tous mes chagrins, et pour m’aider à les adoucir. Vous pouvez juger qu’ils ne sont pas médiocres. Je souffre en apparence, sans beaucoup de peine l’attachement du roi pour la duchesse de Valentinois ; mais il m’est insupportable. Elle gouverne le roi ; elle le trompe ; elle me méprise ; tous mes gens sont à elle. La reine ma belle-fille, fière de sa beauté et du crédit de ses oncles, ne me rend aucun devoir. Le connétable de Montmorency est maître du roi et du royaume ; il me hait, et m’a donné des marques de sa haine que je ne puis oublier. Le maréchal de Saint-André est un jeune favori audacieux qui n’en use pas mieux avec moi que les autres. Le détail de mes malheurs vous ferait pitié. Je n’ai osé jusqu’ici me fier à personne ; je me fie à vous ; faites que je ne m’en repente point, et soyez ma seule consolation. Les yeux de la reine rougirent en achevant ces paroles : je pensai me jeter à ses pieds, tant je fus véritablement touché de la bonté qu’elle me témoignait. Depuis ce jour-là, elle eut en moi une entière confiance, elle ne fit plus rien sans m’en parler ; et j’ai conservé une liaison qui dure encore.



fin de la seconde partie.