Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/17

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personne qui faisait qu’on ne pouvait regarder que lui dans tous les lieux où il paraissait. Il n’y avait aucune dame, dans la cour, dont la gloire n’eût été flattée de le voir attaché à elle : peu de celles à qui il s’était attaché se pouvaient vanter de lui avoir résisté ; et même plusieurs à qui il n’avait point témoigné de passion n’avaient pas laissé d’en avoir pour lui. Il avait tant de douceur et tant de disposition à la galanterie, qu’il ne pouvait refuser quelques soins à celles qui tâchaient de lui plaire : ainsi il avait plusieurs maîtresses, mais il était difficile de deviner celle qu’il aimait véritablement. Il allait souvent chez la reine dauphine : la beauté de cette princesse, sa douceur, le soin qu’elle avait de plaire à tout le monde, et l’estime particulière qu’elle témoignait à ce prince, avaient souvent donné lieu de croire qu’il levait les yeux jusqu’à elle. MM. de Guise, dont elle était nièce, avaient beaucoup augmenté leur crédit et leur considération par son mariage ; leur ambition les faisait aspirer à s’égaler aux princes du sang, et à partager le pouvoir du connétable de Montmorency. Le roi se reposait sur lui de la plus grande partie du gouvernement des affaires, et traitait le duc de Guise et le maréchal de Saint-André comme ses favoris. Mais ceux que la faveur ou les affaires approchaient de sa personne, ne s’y pouvaient maintenir qu’en se soumettant à la duchesse de Valentinois ; et, quoiqu’elle n’eût plus de jeunesse, ni de beauté, elle le gouvernait avec un empire si absolu, que l’on peut dire qu’elle était maîtresse de sa personne et de l’état.

Le roi avait toujours aimé le connétable ; et sitôt