Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/19

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ne crut pas trouver d’obstacles dans l’esprit de M. d’Anville pour un mariage, comme il en avait trouvé dans l’esprit de M. de Montmorency ; mais, quoique les raisons lui en fussent cachées, les difficultés n’en furent guère moindres. M. d’Anville était éperdument amoureux de la reine dauphine ; et, quelque peu d’espérance qu’il eût dans cette passion, il ne pouvait se résoudre à prendre un engagement qui partagerait ses soins. Le maréchal de Saint-André était le seul dans la cour qui n’eût point pris de parti ; il était un des favoris, et sa faveur ne tenait qu’à sa personne : le roi l’avait aimé dès le temps qu’il était dauphin ; et depuis il l’avait fait maréchal de France, dans un âge où l’on n’a pas encore accoutumé de prétendre aux moindres dignités. Sa faveur lui donnait un éclat qu’il soutenait par son mérite et par l’agrément de sa personne, par une grande délicatesse pour sa table et pour ses meubles, et par la plus grande magnificence qu’on eût jamais vue en un particulier. La libéralité du roi fournissait à cette dépense. Ce prince allait jusqu’à la prodigalité pour ceux qu’il aimait : il n’avait pas toutes les grandes qualités, mais il en avait plusieurs, et sur-tout celle d’aimer la guerre et de l’entendre : aussi avait-il eu d’heureux succès ; et, si on en excepte la bataille de Saint-Quentin, son règne n’avait été qu’une suite de victoires : il avait gagné en personne la bataille de Renty ; le Piémont avait été conquis, les Anglais avaient été chassés de France, et l’empereur Charles-Quint avait vu finir sa bonne fortune devant la ville de Metz, qu’il avait assiégée inutilement avec toutes les forces de l’Empire et de l’Espagne. Néanmoins, comme le malheur de Saint-Quentin