Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/228

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hison, qui coûterait peut-être la fortune de son amant. La comtesse l’avertit des défiances de la princesse. Il lui témoigna de l’indifférence pour tout, hors d’être aimé d’elle : néanmoins, il se contraignit par ses ordres, et rassura si bien la princesse de Neufchâtel, qu’elle fit voir à la comtesse de Tende qu’elle était entièrement satisfaite du chevalier de Navarre.

La jalousie se saisit alors de la comtesse : elle craignit que son amant n’aimât véritablement la princesse : elle vit toutes les raisons qu’il avait de l’aimer ; leur mariage, qu’elle avait souhaité, lui fit horreur ; elle ne voulait pourtant pas qu’il le rompît, et elle se trouvait dans une cruelle incertitude. Elle laissa voir au chevalier tous ses remords sur la princesse de Neufchâtel ; elle résolut seulement de lui cacher sa jalousie, et crut en effet la lui avoir cachée.

La passion de la princesse surmonta enfin toutes ses irrésolutions. Elle se détermina à son mariage, et se résolut de le faire secrètement, et de ne le déclarer que quand il serait fait.

La comtesse de Tende était prête à expirer de douleur. Le même jour qui fut pris pour le mariage, il y avait une cérémonie publique : son mari y assista ; elle y envoya toutes ses femmes ; elle fit dire qu’on ne la voyait pas, et s’enferma dans son cabinet, couchée sur son lit de repos, et abandonnée à tout ce que les remords, l’amour et la jalousie peuvent faire sentir de plus cruel.

Comme elle était dans cet état, elle entendit ouvrir une porte dérobée de son cabinet, et vit paraître le chevalier de Navarre, paré et d’une grace au-dessus de