endant que la guerre civile déchirait la France
sous le règne de Charles IX, l’amour ne laissait pas
de trouver sa place parmi tant de désordres, et d’en
causer beaucoup dans son empire. La fille unique du
marquis de Mézière, héritière très-considérable, et par
ses grands biens, et par l’illustre maison d’Anjou, dont
elle était descendue, était promise au duc du Maine,
cadet du duc de Guise, que l’on a depuis appelé le
Balafré. L’extrême jeunesse de cette grande héritière
retardait son mariage, et cependant le duc de Guise,
qui la voyait souvent, et qui voyait en elle les commencements
d’une grande beauté, en devint amoureux,
et en fut aimé. Ils cachèrent leur amour avec beaucoup
de soin. Le duc de Guise, qui n’avait pas encore autant
d’ambition qu’il en a eu depuis, souhaitait ardemment
de l’épouser ; mais la crainte du cardinal de Lorraine,
qui lui tenait lieu de père, l’empêchait de se déclarer.
Les choses étaient en cet état, lorsque la maison de
Bourbon, qui ne pouvait voir qu’avec envie l’élévation
de celle de Guise, s’apercevant de l’avantage qu’elle
recevrait de ce mariage, se résolut de le lui ôter, et
d’en profiter elle-même, en faisant épouser cette hé-