Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/267

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pour vous satisfaire. Sans demeurer davantage chez la duchesse sa sœur il s’en alla trouver, à l’heure même, les cardinaux ses oncles, et, sur le prétexte du mauvais traitement qu’il avait reçu du roi, il leur fit voir une si grande nécessité pour sa fortune à faire paraître qu’il n’avait aucune pensée d’épouser madame, qu’il les obligea à conclure son mariage avec la princesse de Portien, duquel on avait déjà parlé. La nouvelle de ce mariage fut aussitôt sue par tout Paris. Tout le monde fut surpris, et la princesse de Montpensier en fut touchée de joie et de douleur. Elle fut bien aise de voir par-là le pouvoir qu’elle avait sur le duc ; et elle fut fâchée, en même temps, de lui avoir fait abandonner une chose aussi avantageuse que le mariage de Madame. Le duc, qui voulait au moins que l’amour le récompensât de ce qu’il perdait du côté de la fortune, pressa la princesse de lui donner une audience particulière, pour s’éclaircir des reproches injustes qu’elle lui avait faits. Il obtint qu’elle se trouverait chez la duchesse de Montpensier, sa sœur, à une heure que cette duchesse n’y serait pas, et qu’il pourrait l’entretenir en particulier. Le duc de Guise eut la joie de se pouvoir jeter à ses pieds, de lui parler en liberté de sa passion, et de lui dire ce qu’il avait souffert de ses soupçons. La princesse ne pouvait s’ôter de l’esprit ce que lui avait dit le duc d’Anjou, quoique le procédé du duc de Guise la dût absolument rassurer. Elle lui apprit le juste sujet qu’elle avait de croire qu’il l’avait trahie, puisque le duc d’Anjou savait ce qu’il ne pouvait avoir appris que de lui. Le duc de Guise ne savait par où se défendre, et était