Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/276

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l’appartement donnait sur le même parterre, et que tout ce désordre tomberait ensuite sur la personne qu’il aimait le plus, sa rage se calma à l’heure même, et il acheva de conduire le duc de Guise aux pieds de sa princesse. Il ne put se résoudre à être témoin de leur conversation, quoique la princesse lui témoignât le souhaiter, et qu’il l’eût bien souhaité lui-même. Il se retira dans un petit passage, qui était du côté de l’appartement du prince de Montpensier, ayant dans l’esprit les plus tristes pensées qui aient jamais occupé l’esprit d’un amant. Cependant, quelque peu de bruit qu’ils eussent fait en passant sur le pont, le prince de Montpensier, qui par malheur était éveillé dans ce moment, l’entendit, et fit lever un de ses valets de chambre pour voir ce que c’était. Le valet de chambre mit la tête à la fenêtre, et, au travers de l’obscurité de la nuit, il aperçut que le pont était abaissé. Il en avertit son maître, qui lui commanda en même temps d’aller dans le parc voir ce que ce pouvait être. Un moment après, il se leva lui-même, étant inquiet de ce qu’il lui semblait avoir ouï marcher quelqu’un, et s’en vint droit à l’appartement de la princesse sa femme, qui répondait sur le pont. Dans le moment qu’il approchait de ce petit passage où était le comte de Chabanes, la princesse de Montpensier, qui avait quelque honte de se trouver seule avec le duc de Guise, pria plusieurs fois le comte d’entrer dans sa chambre. Il s’en excusa toujours, et, comme elle l’en pressait davantage, possédé de rage et de fureur, il lui répondit si haut qu’il fut ouï du prince de Montpensier ; mais si confusément que ce prince entendit seulement la