Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/288

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pour l’investiture : toutes les deux furent refusées. L’empereur refusa par son intérêt particulier, et le pape, par une opiniâtreté épouvantable, mêlée d’une haine pour la France, et le tout couvert du voile de religion et de zèle pour l’Église. On ne peut pas dire que le pape ne soit homme de bien, et que, dans les commencements, il n’ait eu des intentions très-droites ; mais il s’est bien écarté de cette voie d’équité et de justice que doit avoir un bon père pour ses enfants. Je crois que l’on ne doit pas trouver mauvais qu’il ait aidé l’empereur, le roi de Pologne et les Vénitiens dans la guerre qu’ils avaient contre les infidèles ; on peut même soutenir le parti qu’il a pris sur l’affaire des franchises, et il est excusable d’avoir été offensé contre les ministres de France sur tout ce qui s’est passé dans les assemblées du clergé ; car c’est son autorité, qui est la chose dont l’humanité est plus jalouse, que l’on attaque ; et, quand l’humanité n’y aurait point de part, et qu’un pape en serait défait en montant sur le trône de saint Pierre, ce serait l’Église et ses droits qu’il défendrait ; mais un endroit où le pape n’est pas pardonnable, ni même excusable, c’est la manière dont il s’est comporté dans l’affaire de Cologne. Pendant le reste de vie de M. l’électeur de Cologne, il refusa les bulles à M. de Furstemberg, qui avait pourtant été élu coadjuteur canoniquement, et qui avait eu toutes les voix nécessaires, sans que le parti de l’empereur, qui proposait un frère de M. de Neubourg, l’eût pu empêcher. Le pape savait l’état où était M. de Cologne, et qu’en ne donnant point de bulles au coadjuteur, il fallait recommencer l’élection à la mort de l’électeur.