Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/43

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miers desirs de plaire, il était encore plus aimable qu’il n’avait accoutumé de l’être. De sorte que, se voyant souvent, et se voyant l’un et l’autre ce qu’il y avait de plus parfait à la cour, il était difficile qu’ils ne se plussent infiniment.

La duchesse de Valentinois était de toutes les parties de plaisir, et le roi avait pour elle la même vivacité et les mêmes soins que dans les commencements de sa passion. Madame de Clèves, qui était dans cet âge où l’on ne croit pas qu’une femme puisse être aimée quand elle a passé vingt-cinq ans, regardait avec un extrême étonnement l’attachement que le roi avait pour cette duchesse, qui était grand’mère, et qui venait de marier sa petite-fille. Elle en parlait souvent à madame de Chartres : est-il possible, madame, lui disait-elle, qu’il y ait si long-temps que le roi en soit amoureux ? Comment s’est-il pu attacher à une personne qui était beaucoup plus âgée que lui, qui avait été maîtresse de son père, et qui l’est encore de beaucoup d’autres, à ce que j’ai ouï dire ? Il est vrai, répondit-elle, que ce n’est ni le mérite, ni la fidélité de madame de Valentinois, qui a fait naître la passion du roi, ni qui l’a conservée : et c’est aussi en quoi il n’est pas excusable ; car si cette femme avait eu de la jeunesse et de la beauté jointe à sa naissance, qu’elle eût eu le mérite de n’avoir jamais rien aimé, qu’elle eût aimé le roi avec une fidélité exacte, qu’elle l’eût aimé par rapport à sa seule personne, sans intérêt de grandeur, ni de fortune, et sans se servir de son pouvoir que pour des choses honnêtes ou agréables au roi même, il faut avouer