Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/83

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jointe à la beauté, et qui s’attendait d’épouser un jeune prince pour qui elle a de l’inclination sans l’avoir vu. Je ne sais si le roi en elle trouvera toute l’obéissance qu’il desire : il m’a chargée de la voir, parce qu’il sait qu’elle m’aime, et qu’il croit que j’aurai quelque pouvoir sur son esprit. Je ferai ensuite une autre visite bien différente ; j’irai me réjouir avec Madame, sœur du roi. Tout est arrêté pour son mariage avec M. de Savoie, et il sera ici dans peu de temps. Jamais personne de l’âge de cette princesse n’a eu une joie si entière de se marier. La cour va être plus belle et plus grosse qu’on ne l’a jamais vue : et, malgré votre affliction, il faut que vous veniez nous aider à faire voir aux étrangers que nous n’avons pas de médiocres beautés.

Après ces paroles, madame la dauphine quitta madame de Clèves, et, le lendemain le mariage de Madame fut su de tout le monde. Les jours suivants, le roi et les reines allèrent voir madame de Clèves. M. de Nemours, qui avait attendu son retour avec une extrême impatience, et qui souhaitait ardemment de lui pouvoir parler sans témoins, attendit pour aller chez elle l’heure que tout le monde en sortirait, et qu’apparemment il ne reviendrait plus personne. Il réussit dans son dessein, et il arriva comme les dernières visites en sortaient.

Cette princesse était sur son lit ; il faisait chaud, et la vue de M. de Nemours acheva de lui donner une rougeur qui ne diminuait pas sa beauté. Il s’assit vis-à-vis d’elle, avec cette crainte et cette timidité que donnent les véritables passions. Il demeura quelque