Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/94

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cipitation ; et Henri en fut tellement irrité, qu’il se déclara chef de la religion, et entraîna toute l’Angleterre dans le malheureux changement où vous la voyez.

Anne de Boulen ne jouit pas long-temps de sa grandeur ; car, lorsqu’elle la croyait plus assurée par la mort de Catherine d’Arragon, un jour qu’elle assistait avec toute la cour à des courses de bagues que faisait le vicomte de Rochefort, son frère, le roi en fut frappé d’une telle jalousie, qu’il quitta brusquement le spectacle, s’en vint à Londres, et laissa ordre d’arrêter la reine, le vicomte de Rochefort et plusieurs autres, qu’il croyait amants ou confidents de cette princesse. Quoique cette jalousie parût née dans ce moment, il y avait déjà quelque temps qu’elle lui avait été inspirée par la vicomtesse de Rochefort, qui, ne pouvant souffrir la liaison étroite de son mari avec la reine, la fit regarder au roi comme une amitié criminelle ; en sorte que ce prince, qui d’ailleurs était amoureux de Jeanne Seimer, ne songea qu’à se défaire d’Anne de Boulen. En moins de trois semaines, il fit faire le procès à cette reine et à son frère, leur fit couper la tête, et épousa Jeanne Seimer. Il eut ensuite plusieurs femmes, qu’il répudia, ou qu’il fit mourir, et entre autres Catherine Havart, dont la comtesse de Rochefort était confidente, et qui eut la tête coupée avec elle. Elle fut ainsi punie des crimes qu’elle avait supposés à Anne de Boulen, et Henri VIII mourut étant devenu d’une grosseur prodigieuse.

Toutes les dames qui étaient présentes au récit de madame la dauphine la remercièrent de les avoir si bien instruites de la cour d’Angleterre, et entre autres