Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/295

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je m’affligeais encore de ce que j’étais seule affligée. Lorsque ma mère retourna dans la maison, je ne voulus point y retourner : je demandai la permission d’aller avec Eugénie. On me l’accorda sans peine : j’étais devenue un témoin, pour le moins, incommode.

Me voilà donc encore une fois dans le couvent ; mais, comme je n’étais plus un enfant, et que je n’y étais que parce que je voulais y être, j’eus un appartement particulier. Eugénie avait seule inspection sur ma conduite : je me soumis sans peine à une autorité que je lui avais donnée moi-même, et qui était exercée par l’amitié.

Les motifs qui m’avaient rendue discrète avec le comte de Barbasan ne subsistaient pas avec Eugénie ; aussi ne lui cachai-je rien de ce que mon père m’avait donné lieu de soupçonner. Il y a longtemps, me dit-elle, que je vous en aurais parlé, si je n’avais cru qu’il convenait de vous laisser ignorer les choses dont il ne vous est pas permis de paraître instruite.

Je ne fus pas plus mystérieuse sur le porte-feuille : nous l’ouvrîmes ensemble, non par impatience de jouir de ce qu’il contenait : je me dois le témoignage que je n’avais sur cela ni désirs, ni empressements ; je regardais, au contraire, ce bien comme un dépôt que je ne devais remettre qu’aux conditions que mon père m’avait marquées ; mais j’étais pressée d’exécuter les ordres qu’il m’avait donnés. Le secours, et surtout les conseils d’Eugénie m’étaient nécessaires : les sommes furent remises à ceux à qui elles appartenaient.

Tout le monde fut étonné du peu de bien qui parut dans la succession. Il ne fut plus question du marquis