Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/332

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Je vous prie du moins, répondit mademoiselle de Magnelais, de ne partir qu’après mon mariage, qui se fera incessamment. Il faut qu’en épousant mon amant, j’aie encore la satisfaction de vous voir partager ma joie. C’est donc le chevalier de Renauges que vous épousez, dit mademoiselle d’Essei ?

Il m’avait trompée par un faux nom, répondit mademoiselle de Magnelais ; c’est le marquis de la Valette. Il ne sait point encore son bonheur : son père et le mien ont tout réglé, et nous sommes revenus pour faire le mariage.

Si mademoiselle de Magnelais avait fait attention au changement de visage de mademoiselle d’Essei, elle aurait soupçonné qu’elle prenait un intérêt particulier à ce qu’elle venait d’apprendre. Quel coup pour mademoiselle d’Essei ! Il ne pouvait être plus sensible. Un homme à qui elle avait eu la faiblesse de laisser voir son inclination en aimait une autre, et n’avait cherché qu’à la tromper.

Toutes les réflexions les plus affligeantes et les plus humiliantes se présentèrent à elle dans ce moment. Il fallut cependant faire un effort pour cacher son trouble. Bien résolue de partir le lendemain, elle laissa croire à mademoiselle de Magnelais qu’elle resterait jusqu’après son mariage.

Cette conversation, si pénible pour elle, finit enfin. Elle alla s’enfermer dans sa chambre pour se remettre avant que de se montrer : elle y était à peine, que madame de Polignac y entra. J’avais raison, lui dit-elle, ma fille (car elle ne lui donnait point d’autre nom), de bien espérer de votre fortune. Le comte de