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FABLES CHOISIES.

C’est moy qui suis Guillot Berger de ce troupeau.
Sa personne estant ainsi faite,
Et ses pieds de devant posez sur sa houlette,
Guillot le[1] Sycophante approche doucement.
Guillot, le vray Guillot, étendu sur l’herbette,
Dormoit alors profondément.
Son chien dormoit aussi, comme aussi sa musette.
La pluspart des Brebis dormoient pareillement.
L’hypocrite les laissa faire :
Et pour pouvoir mener vers son fort les brebis,
Il voulut ajouster la parole aux habits,
Chose qu’il croyoit necessaire.
Mais cela gasta son affaire.
Il ne pût du Pasteur contrefaire la voix.
Le ton dont il parla fit retenir les bois,
Et découvrit tout le mystere.
Chacun se réveille à ce son,
Les Brebis, le Chien, le Garçon.
Le pauvre Loup, dans cét esclandre,
Empesché par son hoqueton,
Ne pût ny fuir ny se défendre.

Toûjours par quelque endroit fourbes se laissent prendre.
Quiconque est Loup, agisse en Loup.
C’est le plus certain de beaucoup.




IV.
LES GRENOUILLES
QUI DEMANDENT UN ROY.



Les Grenoüilles, se lassant
De l’estat Democratique,
Par leurs clameurs firent tant
Que Jupin les soûmit au pouvoir Monarchique.

  1. Trompeur. (Note de la Fontaine.)