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FABLES CHOISIES.

Du seul honneur de porter ses messages.
L’Apotheose à la voûte eût paru.
Là tout l’Olimpe en pompe eût été vû
Plaçant Iris sous un Dais de lumiere.
Les murs auroient amplement contenu
Toute sa vie, agreable matiere ;
Mais peu feconde en ces évenemens
Qui des Etats font les renversemens.
Au fond du Temple eût été son image,
Avec ses traits, son soûris, ses appas,
Son art de plaire et de n’y penser pas,
Ses agrémens à qui tout rend hommage.
J’aurois fait voir à ses pieds des mortels,
Et des Heros, des demi-Dieux encore ;
Même des Dieux ; ce que le Monde adore
Vient quelquefois parfumer ses Autels.
J’eusse en ses yeux fait briller de son ame
Tous les tresors, quoi qu’imparfaitement ;
Car ce cœur vif et tendre infiniment,
Pour ses amis et non point autrement ;
Car cet esprit qui né du Firmament
A beauté d’homme avec graces de femme
Ne se peut pas comme on veut exprimer.
O vous, Iris, qui sçavez tout charmer,
Qui sçavez plaire en un degré suprême,
Vous que l’on aime à l’égal de soi-même,
(Ceci soit dit sans nul soupçon d’amour,
Car c’est un mot banni de vôtre Cour ;
Laissons-le donc) agréez que ma Muse
Acheve un jour cette ébauche confuse.
J’en ai placé l’idée et le projet,
Pour plus de grâce, au-devant d’un sujet
Où l’amitié donne de telles marques.
Et d’un tel prix, que leur simple recit
Peut quelque-temps amuser votre esprit.
Non que ceci se passe entre Monarques :
Ce que chez vous nous voïons estimer
N’est pas un Roi qui ne sçait point aimer ;