Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 3.djvu/330

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Et messieurs les Orléanais
  Dirent au Sort, tout d'une voix.
  Une fois, deux fois et trois fois,
  Qu'il eût à leur ôter la peine
De monter, de descendre et remonter encor.
  Quoi ! toujours mont et jamais plaine !
  Faites-nous avoir triple haleine,
  Jambes de fer, naturel fort,
  Ou nous donner une campagne
  Qui n'ait plus ni mont ni montagne.
  Oh ! oh ! leur repartit le Sort,
Vous faites les mutins, et dans toutes les Gaules
Je ne vois que vous seuls qui des monts vous plaigniez !
  Puisqu'ils vous nuisent à vos pieds,
  Vous les aurez sur vos épaules.
  Lors la Beauce de s'aplanir,
  De s'égaler, de devenir
  Un terroir uni comme glace ;
  Et bossus de naître en la place,
  Et monts de déloger des champs.
  Tout ne put tenir sur les gens :
  Si bien que la troupe céleste,
  Ne sachant que faire du reste,
S'en allait les placer dans le terroir voisin,
Lorsque Jupiter dit : Épargnons la Touraine,
  Et le Blésois ; car ce domaine
  Doit être un jour à mon cousin[1]
  Mettons-les dans le Limousin.


Ceux de Blois comme voisins et bons amis de ceux d’Orleans, les ont soulagez d’une partie de leur charge. Les uns et les autres doivent endore avoir une. ration de bossus, et puis c’en est fait. Vous aurez pour cette tradition telle croyance qu ? il

  1. M. le Duc d’Orlans. (Note de l’édition de 1729.) Louis XIII, son frère, lui donna le Blésois pour apanage en 1635.