Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 4.djvu/104

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Tout devient risible ici-bas,
Ce n’est que farce et comédie ;
On ne peut quasi faire un pas,
Ni tourner le pied qu’on en rie[1].

Qui ne riroit des précieux ?
Qui ne riroit de ces coquettes
En qui tout est mystérieux,
Et qui font tant les guillemettes ?

Elles parlent d’un certain ton,
Elles ont un certain langage
Dont auroit ri l’aîné Caton,
Lui qui passoit pour homme sage.

D’elles pourtant il ne s’agit
En la présente comédite :
Un bon bourgeois s’y radoucit
Pour une femme assez jolie.

« Faites-moi votre favori,
Lui dit-il, et laissez-moi faire. »
La femme en parle à son mari,
Qui répond, songeant à l’affaire :

« Ma femme, il vous faut l’abuser,
Car c’est un homme un peu crédule.
Sous l’espérance d’un baiser,
Faites-lui rendre ma cédule.

« Déchirez-la de bout en bout,
Car la somme en est assez grande.

    vrage est de La Fontaine ; du reste le sujet même, reproduit plus tard par lui dans un de ses contes, et surtout les noms des acteurs improvisés qui ont joué dans cette farce, et qui nous sont connus, pour la plupart, comme étant au nombre de ses parents ou de ses amis, ne laissent aucun doute à ce sujet.

  1. Ainsi dans les éditions de M. Walckenaer. Il faut probablement lire : qu’on n’en rie ou qu’on ne rie.