Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 4.djvu/200

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Le théâtre est une suite de rochers ; on y voit Leucippe retenu, sans que ses liens paraissent. Il est debout, appuyé, dans l’endroit le plus en vue.


Scène I

LEUCIPPE, sur un rocher.

Astres, soyez témoins de ces injustes fers. [775]

J’atteste ici tout l’Univers,

Et les vents emportent ma plainte.

Jupiter, je t’implore ; on veut forcer les cœurs :

Il n’est plus de libres ardeurs,

Ni d’autres lois que la contrainte. [780]

Loges-tu dans le ciel ou dans les antres sourds ?

Écoutez-moi, déserts ; on m’ôte mes amours :

Est-il douleur pareille ?

Qui me consolera sur ce rocher fatal ?

Leucippe est un spectacle à son cruel rival. [785]

Déserts, écoutez-moi : les dieux ferment l’oreille.

Daphné entend cette plainte à l’un des coins du théâtre.


Scène II

DAPHNE.

Qui vous consolera ? Ne le savez-vous pas ?