Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 4.djvu/289

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Je voudrais le louer avec autant de voix
Que le grand Briarée eut de bras autrefois.

De Prérazé


De savourer vos vers mon esprit est avide.

De Mousseverte


Je les crois d’un savoir où le bon sens préside.

La Baguenaudière


Ah ! Messieurs, vous parlez en amis de l’auteur.
Revêtus d’un esprit facile admirateur,
Vous chantez son triomphe, enflez sa renommée,
Avant qu’on ait encor la chandelle allumée.

Des Lentilles


Au fleurer, à l’odeur, on connaît le poisson.

De Boiscoupé


Le bon terroir produit l’excellente moisson.

De Prérazé


La beauté du ruisseau se juge par sa source.

De Mousseverte


La bonté du cheval se connaît à la course.

La Baguenaudière


Trêve d’encens, messieurs, cessez de me louer :
Un auteur n’est que trop facile à s’engouer.
La pièce que j’expose à vos doctes génies,
Est un beau composé de ces rares saillies,
De ce bon goût nouveau, digne ouvrage du temps,
Où l’esprit prend partout le dessus du bon sens.
Fi ! Fi ! De ces auteurs enchaînés par les règles,
Qui, venant sur nos mœurs fondre comme des aigles,
Pensent, en beaux discours nous peignant la vertu,
Nous donner de l’horreur pour le vice abattu !
Il est vrai que jadis, respectant leurs ouvrages,