Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 4.djvu/314

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Qui vous fait marcher sur ce pied de métal ?
Et pourquoi fuir monsieur de La Baguenaudière ?
C’est qu’un diable tantôt fait de même manière,
Mais mille fois plus grand, a chargé sur mon dos
Cent millions de coups d’un bâton court et gros ;
J’ai fui, croyant l’avoir incessamment en queue,
Faisant à chaque pas un demi-quart de lieue,
Tout hérissé de peur, lorsque j’ai rencontré
Un maudit pot de chambre où mon pied est entré.
Aux cris que j’ai poussés, gémissant de faiblesse,
Un chien est survenu qui m’a mordu la fesse ;
Mais je n’ai point songé qu’à ce pied empoté,
Que si vilainement la fortune a botté.
Je mettais vainement ce pied à la torture
Pour chercher les moyens d’ôter cette chaussure,
Quand un homme est venu de la part du Destin,
Et d’isabelle aussi, pour me remettre en main
Le billet que voilà. Surpris à sa lecture,
Oubliant tous les maux de ma triste aventure,
J’ai fait de vous chercher mes plus fortes raisons
Pour vous en faire part. Tenez, lisez.

La Baguenaudière


Lisons :
Monsieur Ragotin ne vous donnez point la peine de me chercher pour vous charger de ma conduite. Si mon père vous demande compte de la commission qu’il vous en a donnée, apprenez-lui que je suis entre les mains de Monsieur le destin, à qui j’ai donné ma foi, comme au seul homme qui s’est offert pour me délivrer du joug où m’allait jeter le mariage de Blaise Bouvillon, pour qui j’ai une aversion insurmontable.
Je suis, etc.
Je crois que ce perfide est de l’intell