Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 4.djvu/405

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Ne le soupçonnez pas, ma sœur.

ASTRÉE


Voici pourtant ses traits, peux-tu les méconnaître ?

PHILIS


Je connais encore mieux son cœur ;

Tout m'est suspect, tout vous doit l'être

Quelque ennemi secret vient d'imiter sa main.

ASTRÉE


Dédiras-tu nos yeux, qui l'ont vu ce matin

Embrasser les genoux d'Aminte ?

PHILIS


C'est un reste de feinte ;

Vous-même avez pu voir avec quelle contrainte

Il feignait des transports qu'il ne pouvait sentir.

Qu'un véritable amant a de peine à mentir !

ASTRÉE


Eh ! Qu’il ne mente plus.

PHILIS


Sait-il votre pensée ?

Il voit, depuis quelques jours

Que sa flamme est traversée,

Et qu'on trouble vos amours

Il veut vous ménager, en exposant Aminte.

ASTRÉE


Que ne me l'a-t-il dit ?

PHILIS


Sans doute il ne l'a pu.

ASTRÉE


Mon cœur à Céladon n'était que trop connu

N'aurait-il pas prévu ma crainte

Si l'ingrat, d'autres soins occupé, prévenu...

PHILIS