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Adieu ; vous pourrez mieux vous éclaircir sans moi.


Scène IV



Céladon, Astrée.


CÉLADON


Hé quoi ! Seule en ces lieux, sans songer à la fête

Dont vous serez tout l'ornement !
C'est un triomphe qui s'apprête

Pour les dieux et pour vous, aux yeux de votre amant.

On n'entend en tous lieux que des chants d'allégresse ;

Bergères, bergers, tout s'empresse

De célébrer ce jour charmant.

Cependant vous rêvez : d'où vient cette tristesse ?

ASTRÉE


Berger, vous paraissez aujourd'hui bien paré

De cet ajustement quels yeux vous sauront gré ?

CÉLADON


Les vôtres, ma déesse.

Il n'est rien en ces lieux

Qui ne s'efforce de vous plaire ;

Et c'est pour attirer vos regards précieux,

Que ces prés, que ces bois, et cette onde si claire,

Étalent ce qu'ils ont de plus délicieux

L'astre même qui nous éclaire

Ne se montre si beau que pour plaire à vos yeux.

ASTRÉE


Céladon, bannissez ces discours d'entre nous ;

Je sais qu'en votre cœur une autre est préférée,

Et vos vœux ne sont pas pour l'innocente Astrée.

CÉLADON