Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 4.djvu/56

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L’aisné va, ce me semble, un peu viste à l’argent ;
Des beautez de Thaïs son ame est fort touchée,
Et bien qu’il m’ait tenu cette flamme cachée,
J’en sçais plus qu’il ne croit, et le souffre aisément ;
Thaïs vaut qu’on l’estime, à parler franchement :
Peu voudront toutefois qu’elle entre en leur famille ;
Vefve, on la doit priser un peu moins qu’une fille :
Nostre ville est feconde en partis bien meilleurs,
Et mon fils, apres tout, doit s’adresser ailleurs.
Pour un choix plus sortable il faut qu’il se dispose :
Je t’en veux, Parmenon, proposer quelque chose.
Mais où sont mes enfans ? Je les voudrois bien voir.

Parmenon

Vostre aisné, par mal-heur, est absent d’hyer au soir.

Damis

D’où pourroit provenir un si soudain voyage ?
N’est-il point arrivé quelque noise en ménage ?

Parmenon

Je ne sçay.

Damis

Je ne sçay. Plust aux Dieux que quelque changement
Luy fist prendre bien-tost un autre sentiment !
Mais comme sans leur ayde il ne se peut rien faire,
Allons leur de ce pas recommander l’affaire.