Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 4.djvu/59

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Agrériez-vous son offre ? et vostre ame touchée
Prendroit-elle plaisir à s’en voir recherchée !

Pamphile

Selon ce qu’il auroit d’aymable et de parfait.

Cherée

Je le suppose riche, honneste, assez bien fait,
D’age au vostre sortable, enfin tel, à tout prendre,
Qu’aux partis les plus hauts il ait droit de pretendre.

Pamphile

J’ayme ces qualitez dont il seroit pourveu,
Mais, pour en bien parler, il faudroit l’avoir veu.

Cherée

Vous le voyez, Pamphile, et vous allez cognoistre
Un feu qui ne peut plus s’empescher de paroistre.
Par un excez d’amour, sous cét habit trompeur
Je me suis pour esclave offert à vostre sœur ;
Né libre cependant, on m’appelle Cherée,
La noblesse des miens ne peut estre ignorée,
Peu de partis icy voudroient me refuser ;
Mon zele est toutesfois plus que tout à priser ;
Ne le dédaignez point. Quoy, vous fuyez, Pamphile ?

Pamphile

Insolent, quitte-moy, ta fourbe est inutile.
Pythie !

Cherée

Pythie ! Auparavant, encore un mot ou deux.

Pamphile

Qui t’a fait entreprendre un coup si hazardeux ?
En vain tu fais servir ces honneurs à ta flâme ;
L’espoir d’y prendre part n’aveugle point mon ame,
Le Ciel m’a faite esclave, il est vray ; mais crois-tu
Que cette qualité repugne à la vertu ?

Cherée

Qui le croiroit, Pamphile, apres vous avoir veuë ?