Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 4.djvu/66

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Mais, au cry de Pamphile estant viste accouruë,
Comme en quelques endroits la porte estoit fenduë,
Il m’est venu d’abord un desir curieux
D’approcher d’une fente et l’oreille et les yeux.
Ils ont dit quelques mots d’amour, de mariage ;
Que vostre sœur ne peut pretendre davantage ;
Que Doris est pour elle un assez bon party,
Tant qu’enfin au baiser le tout est abouty.

Thaïs

Ton recit est confus, j’ay peine à le comprendre.

Pythie

Aussi ne pouvoit-on qu’à moitié les entendre.
Voila ce que j’en sçais, fondez vostre soupçon.
Doris n’est point esclave, au moins à sa façon ;
Je ne sçais quoy de grand paroist sur son visage :
Tels valets ne sont point sans doute à nostre usage.
À force d’y réver, mon esprit s’est usé.
Madame, si c’estoit quelque amant déguisé !
Telle fourbe en amour souvent s’est publiée.

Thaïs

Ma sœur se seroit-elle à ce point oubliée ?
J’ay crû sur sa vertu me pouvoir asseurer.

Pythie

En ce monde il ne faut jamais de rien jurer :
Les prudes bien souvent nous trompent au langage.

Thaïs

Qu’est devenu Doris ?

Pythie

Qu’est devenu Doris ? Il a troussé bagage.

Thaïs

Il falloit tout au moins l’empescher de sortir.

Pythie

J’estois hors de mon sens, pour ne vous point mentir.