Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 4.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Damis

Agy, parle, dispose ainsi qu’il te plaira ;
Tasche à me rendre heureux par un double hymenée :
Si l’aisné pour Thaïs tient son ame obstinée,
Je consens qu’il l’espouse avant la fin du jour ;
D’abord il te faudra combattre son amour,
Et, s’il ne se rend point, luy rendonner courage.
Tu me vois, grace aux Dieux, assez sain pour mon âge ;
Mais si la mort nous trompe, et rend libre mon fils,
Il conclurra l’affaire, on peut-estre encor pis.
Je remets, Parmenon, le tout à ta prudence.
De leurs plus grands secrets ils te font confidence :
Mesnage ton credit, et m’avertis de tout ;
Il n’y faut plus penser, si tu n’en viens à bout.
Je m’en vais cependant trouver Archidemide :
Par des tours de chicane un voisin l’intimide,
Tu peux en voir l’avis qu’il me vient d’envoyer.
À les mettre d’accord on devroit s’employer :
Il ne s’agit enfin que de fort peu de chose.
Cette lettre contient un recit de la cause,
Mais si long, si confus, que je veux, sans tarder,
M’en instruire aujourd’huy, pour demain la plaider.

Parmenon

Dittes-luy qu’il abrege, et que vostre presence
Ne nous manque au besoin par trop de complaisance.

Damis

Il est long, en effet.

Parmenon

Il est long, en effet. Gardez de l’estre aussi.

Damis

Son logis, en tout cas, n’est qu’à trois pas d’icy.

Parmenon, seul

Les voilà bien ensemble, et je tiens que le nostre
À rebattre un discours l’emporte dessus l’autre.
Pour moy, j’ay de la peine à souffrir cét excés :