Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 4.djvu/93

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Va commencer l’attaque, et monstre ta vaillance,
Je donneray d’icy les ordres du combat.
Jamais qu’en un besoin le bon Chef ne se bat,
Chacun commence à craindre aussi-tost qu’il s’expose.

Gnaton

Avecque sans cesse on apprend quelque chose ;
Encore une leçon, je sçaurois le mestier

Thrason

Ce n’est pas pour neant qu’on me tient vieux routier.

Cherée, sortant d’où il estoit caché avec sa Trouppe

Je n’en puis plus souffrir l’insolente bravade.

Thrason

N’entens-tu rien, Gnaton ? Dieux ! c’est une embuscade.
Enfans, sauve qui peut ! car nous sommes trahis.
D’où peut estre venu ce secours à Thaïs ?

Donax

Le secours n’est pas grand, et nous pouvons nous battre.

Thrason

Il faut tout éprouver avant que de combattre ;
Le sage n’en vient point à cette extremité,
Qu’apres n’avoir rien pû gagner par un traitté ;
Quant à moy, j’ay tousjours gardé cette coustume.

Gnaton

Vous estes pour le poil autant que pour la plume.
Bon en paix, bon en guerre, enfin homme de tout.

Thrason

Qui peut sans coup ferir mettre une affaire à bout,
Seroit mal conseillé d’en user d’autre sorte.

Cherée

Soldat, que cherchez-vous autour de cette porte ?

Thrason

Mon bien.