Page:La Fontaine - Contes, Herhan, 1803.djvu/160

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De vous à nous, poursuivit notre amant,
Sera réglée, afin qu'aucunement
Vous n'entendiez. Il y consent encore:
Puis va quérir sa femme en ce moment.
Quand l'autre voit celle-la qu'il adore,
Il se croit être en un enchantement.
Les saluts faits, en un coin de la salle
Ils se vont seoir. Notre galant n’étale
Un long narré; mais vient d'abord au fait.
Je n'ai le lieu ni le temps à souhait,
Commenca-t-il; puis je tiens inutile
De tant tourner, il n'est que d'aller droit.
Partant, Madame, en un mot comme en mille,
Votre beauté jusqu'au vif m'a touché.
Penseriez-vous que ce fût un péché
Que d'y répondre ? ah je vous crois, Madame
De trop bon sens. Si j'avais le loisir,
Je ferais voir par les formes ma flamme,
Et vous dirais de cet ardent desir
Tout le menu: mais que je brûle, meure,
Et m'en tourmente, et me dise aux abois,
Tout ce chemin que l’on fait en six mois
Il me convient le faire en un quart d'heure :
Et plus encor; car ce n'est pas là tout.
Froid est l'amant qui ne va jusqu'au bout,
Et par sottise en si beau train demeure.
Vous vous taisez ? pas un mot ! qu'est-ce là ?
Renvoyrez-vous de la sorte un pauvre homme
Le Ciel vous fit, il est vrai, ce qu'on nomme .
Divinité; mais faut-il pour cela
Ne point répondre alors que l’on vous prie ?
Je vois, je vois, c'est une tricherie