Page:La Fontaine - Contes, Herhan, 1803.djvu/162

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Je monterai par la cour du voisin:
Je l'ai gagné: la rue est trop publique.
Ne craignez rien. Ah mon cher Magnifique
Que je vous aime ! et que je vous sais gré
De ce dessein ! venez, je descendrai.
C'est vous qui parle; et plût au Ciel, Madame
Qu'on vous osât embrasser les genoux !
Mon Magnifique, à tantôt; votre flamme
Ne craindra point les regards d'un jaloux.
L'amant la quitte; et feint d’être en courroux;
Puis tout grondant: Vous me la donnez bonne
Aldobrandin; je n'entendais cela.
Autant vaudrait n’être avecque personne
Que d’être avec Madame que voilà.
Si vous trouvez chevaux à ce prix-là,
Vous les devez prendre sur ma parole
Le mien hannit du moins; mais cette idole
Est proprement un fort joli poisson.
Or sus, j'en tiens; ce m'est une leçon.
Quiconque veut le reste du quart d’heure
N'a qu'à parler; j'en ferai juste prix.
Aldobrandin rit si fort qu'il en pleure.
Ces jeunes gens, dit-il, en leurs esprits
Mettent toujours quelque haute entreprise.
Notre féal vous lâchez trop tôt prise;
Avec le temps on en viendrait à bout
J'y tiendrai l'oeil; car ce n'est pas là tout
Nous y savons encor quelque rubrique :
Et cependant, Monsieur le Magnifique,
La haquenée est nettement à nous:
Plus ne fera de dépense chez vous.
Dès aujourd'hui, qu'il ne vous en déplaise,