Page:La Fontaine - Fables, Bernardin-Bechet, 1874.djvu/196

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J’ai suivi leur projet quant à l’événement,
Y cousant en chemin quelque trait seulement.
Voici comme, à peu près, Ésope le raconte :

Un pâtre, à ses brebis trouvant quelque mécompte,
Voulut à toute force attraper le larron.
Il s’en va près d’un antre, et tend à l’environ
Des lacs à prendre loups, soupçonnant cette engeance.
Avant que partir de ces lieux,
Si tu fais, disait-il, ô monarque des dieux,
Que le drôle à ces lacs se prenne en ma présence,
Et que je goûte ce plaisir,
Parmi vingt veaux je veux choisir
Le plus gras, et t’en faire offrande !
À ces mots sort de l’antre un lion grand et fort ;
Le pâtre se tapit, et dit, à demi mort :
Que l’homme ne sait guère, hélas ! ce qu’il demande !
Pour trouver le larron qui détruit mon troupeau,
Et le voir en ces lacs pris avant que je parte,
Ô monarque des dieux, je t’ai promis un veau ;
Je te promets un bœuf si tu fais qu’il s’écarte !

C’est ainsi que l’a dit le principal auteur :
Passons à son imitateur.


II

LE LION ET LE CHASSEUR

Un fanfaron, amateur de la chasse,
Venant de perdre un chien de bonne race
Qu’il soupçonnait dans le corps d’un lion,
Vit un berger. Enseigne-moi, de grâce,
De mon voleur, lui dit-il, la maison ;
Que de ce pas je me fasse raison.