Page:La Fontaine - Fables, Bernardin-Bechet, 1874.djvu/296

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Je n’en dis pas là-dessus davantage.
Quant à ces gens qui pensent t’appuyer,
Écoute-moi : sans tant de dialogue
Et de raisons qui pourraient t’ennuyer,
Je ne te veux conter qu’un apologue.

Il était un berger, son chien, et son troupeau.
Quelqu’un lui demanda ce qu’il prétendait faire
D’un dogue de qui l’ordinaire
Était un pain entier. Il fallait bien et beau
Donner cet animal au seigneur du village.
Lui, berger, pour plus de ménage,
Aurait deux ou trois mâtineaux,
Qui, lui dépensant moins, veilleraient aux troupeaux
Bien mieux que cette bête seule.
Il mangeait plus que trois ; mais on ne disait pas
Qu’il avait aussi triple gueule
Quand les loups livraient des combats.
Le berger s’en défait ; il prend trois chiens de taille
À lui dépenser moins, mais à fuir la bataille.
Le troupeau s’en sentit ; et tu te sentiras
Du choix de semblable canaille.
Si tu fais bien, tu reviendras à moi.
Le Grec le crut.

Le Grec le crut.Ceci montre aux provinces
Que, tout compté, mieux vaut en bonne foi
S’abandonner à quelque puissant roi
Que s’appuyer de plusieurs petits princes.


XIX

L’AVANTAGE DE LA SCIENCE

Entre deux bourgeois d’une ville
S’émut jadis un différent :