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Chacun se déclara pour son chat, pour son chien.
On fit un règlement dont les chats se plaignirent,
Et tout le quartier étourdirent.
Leur avocat disait qu’il fallait bel et bien
Recourir aux arrêts. En vain ils les cherchèrent
Dans un coin où d’abord leurs agents les cachèrent :
Les souris enfin les mangèrent.
Autre procès nouveau. Le peuple souriquois
En pâtit : maint vieux chat, fin, subtil, et narquois,
Et d’ailleurs en voulant à toute cette race,
Les guetta, les prit, fit main basse.
Le maître du logis ne s’en trouva que mieux.
J’en reviens à mon dire. On ne voit sous les cieux
Nul animal, nul être, aucune créature,
Qui n’ait son opposé : c’est la loi de nature.
D’en chercher la raison, ce sont soins superflus.
Dieu fit bien ce qu’il fit, et je n’en sais pas plus.
Ce que je sais, c’est qu’aux grosses paroles
On en vient, sur un rien, plus des trois quarts du temps.
Humains, il vous faudrait encore à soixante ans
Renvoyer chez les barbacoles[1].


IX

LE LOUP ET LE RENARD

D’où vient que personne en la vie
N’est satisfait de son état ?
Tel voudrait bien être soldat
À qui le soldat porte envie.

Certain renard voulut, dit-on,
Se faire loup. Eh ! qui peut dire

  1. Maîtres d’école. Expression ironique.