Page:La Fontaine - Fables, Bernardin-Bechet, 1874.djvu/65

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Et puis prenez de tels fripons le soin !
Que les parents sont malheureux, qu’il faille
Toujours veiller à semblable canaille !
Qu’ils ont de maux ! et que je plains leur sort !
Ayant tout dit, il mit l’enfant à bord.

Je blâme ici plus de gens qu’on ne pense.
Tout babillard, tout censeur, tout pédant
Se peut connaître au discours que j’avance.
Chacun des trois fait un peuple fort grand :
Le Créateur en a béni l’engeance.
En toute affaire, ils ne font que songer
Au moyen d’exercer leur langue.
Eh ! mon ami, tire-moi de danger,
Tu feras, après, ta harangue.

XX

LE COQ ET LA PERLE

Un jour un coq détourna
Une perle, qu’il donna
Au beau premier lapidaire.
Je la crois fine, dit-il ;
Mais le moindre grain de mil
Serait bien mieux mon affaire.

Un ignorant hérita
D’un manuscrit qu’il porta
Chez son voisin le libraire.
Je crois, dit-il, qu’il est bon ;
Mais le moindre ducaton
Serait bien mieux mon affaire.