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Chacun fut de l’avis de monsieur le doyen :
Chose ne leur parut à tous plus salutaire.
La difficulté fut d’attacher le grelot.
L’un dit : Je n’y vas point, je ne suis pas si sot ;
L’autre : Je ne saurais. Si bien que sans rien faire
On se quitta.
On se quitta.J’ai maints chapitres vus,
Qui pour néant se sont ainsi tenus ;
Chapitres, non de rats, mais chapitres de moines,
Voire chapitres de chanoines.
Ne faut-il que délibérer ?
La cour en conseillers foisonne :
Est-il besoin d’exécuter ?
L’on ne rencontre plus personne.

III

LE LOUP PLAIDANT CONTRE LE RENARD PAR-DEVANT LE SINGE

Un loup disait que l’on l’avait volé :
Un renard, son voisin, d’assez mauvaise vie,
Pour ce prétendu vol par lui fut appelé.
Devant le singe il fut plaidé,
Non point par avocats, mais par chaque partie.
Thémis n’avait point travaillé,
De mémoire de singe, à fait plus embrouillé.
Le magistrat suait en son lit de justice.
Après qu’on eut bien contesté,
Répliqué, crié, tempesté,
Le juge, instruit de leur malice,
Leur dit : Je vous connais de longtemps, mes amis ;
Et tous deux vous paierez l’amende :
Car toi, loup, tu te plains, quoiqu’on ne t’ait rien pris ;