Page:La Fontaine - Fables, Mame 1897.djvu/44

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Et que la faim en ces lieux attirait.
Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?
Dit cet animal plein de rage :
Tu seras châtié de ta témérité.
Sire, répond l’agneau, que Votre Majesté
Ne se mette pas en colère :
Mais plutôt qu’elle considère
Que je me vas désaltérant
Dans le courant,
Plus de vingt pas au-dessous d’elle ;
Et que, par conséquent, en aucune façon
Je ne puis troubler sa boisson. —
Tu la troubles ! reprit cette bête cruelle ;
Et je sais que de moi tu médis l’an passé. —
Comment l’aurais-je fait, si je n’étais pas né ?
Reprit l’agneau : je tette encore ma mère. —
Si ce n’est toi, c’est donc ton frère. —
Je n’en ai point. — C’est donc quelqu’un des tiens ;
Car vous ne m’épargnez guère,