Page:La Fontaine - Fables choisies, Barbin 1692, tome 4.djvu/103

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Je le recuſe auſſi. L’arbre eſtant pris pour juge,
Ce fut bien pis encor. Il ſervoit de refuge
Contre le chaud, la pluye, & la fureur des vents :
Pour nous ſeuls il ornoit les jardins & les champs.
L’ombrage n’eſtoit pas le ſeul bien qu’il ſceuſt faire ;
Il courboit ſous les fruits ; cependant pour ſalaire
Un ruſtre l’abattoit, c’eſtoit là ſon loyer ;
Quoy que pendant tout l’an liberal il nous donne
Ou des fleurs au Printemps ; ou du fruit en Automne ;
L’ombre, l’Eſté ; l’Hyver, les plaiſirs du foyer.
Que ne l’émondoit-on ſans prendre la cognée ?