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LIVRE IV.

Le rendoit fort embaraſsé
Dans le choix d’un dépoſitaire ;
Car il en vouloit un : Et voicy ſa raiſon.
L’objet tente ; il faudra que ce monceau s’altere,
Si je le laiſse à la maiſon :
Moy-meſme de mon bien je ſeray le larron.
Le larron, quoy jolly, c’eſt ſe voler ſoy-meſme !
Mon amy, j’ay pitié de ton erreur extrême ;
Appren de moy cette leçon :
Le bien n’eſt bien qu’en tant que l’on s’en peut défaire.
Sans cela c’eſt un mal. Veux-tu le reſerver
Pour un âge & des temps qui n’en ont plus que faire ?
La peine d’acquerir, le ſoin de conſerver,
Oſtent le prix à l’or qu’on croit ſi neceſſaire.