Page:La Fontaine - Fables choisies, Barbin 1692, tome 4.djvu/123

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Entends ma plainte une fois en ta vie.
Progné me vient enlever les morceaux :
Caracolant, friſant l’air & les eaus,
Elle me prend mes mouches à ma porte :
Miennes je puis les dire ; & mon rezeau
En ſeroit plein ſans ce maudit oyſeau ;
Je l’ai tiſſu de matiere aſſez forte.
Ainſi d’un diſcours inſolent,
Se plaignoit l’Araignée autrefois tapiſſiere,
Et qui lors eſtant filandiere,
Pretendoit enlacer tout inſecte volant.
La ſœur de Philomele, attentive à ſa proye,
Malgré le beſtion happoit mouches dans l’air,
Pour ſes petits, pour elle, impitoyable joye,
Que ſes enfants gloutons, d’un bec toûjours ouvert,