Page:La Fontaine - Fables choisies, Barbin 1692, tome 4.djvu/133

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Le Berger plut au Roy par ces ſoins diligens.
Tu merites, dit-il, d’eſtre Paſteur de gens ;
Laiſſe-là tes moutons, vien conduire des hommes.
Je te fais Juge Souverain.
Voilà noſtre Berger la balance à la main.
Quoy qu’il n’euſt guere veu d’autres gens qu’un Hermite,
Son troupeau, ſes mâtins, le loup, & puis c’eſt tout,
Il avoit du bon ſens ; le reſte vient en ſuite.
Bref il en vint fort bien about.
L’Hermite ſon voiſin accourut pour luy dire :
Veillay-je, & n’eſt-ce point un ſonge que je vois ?