Page:La Fontaine - Fables choisies, Barbin 1692, tome 4.djvu/135

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Le ſien s’eſtoit perdu tombant de ſa ceinture.
Il rendoit grace au Ciel de l’heureuſe avanture,
Quand un paſſant cria : Que tenez-vous ? ô Dieux !
Jettez cet animal traiſtre & pernicieux,
Ce ſerpent. C’eſt un foüet. C’eſt un ſerpent, vous dis-je :
À me tant tourmenter quel intereſt m’oblige ?
Pretendez-vous garder ce treſor ? Pourquoy non ?
Mon foüet eſtoit uſé ; j’en retrouve un fort bon ;
Vous n’en parlez que par envie.
L’aveugle enfin ne le crut pas,
Il en perdit bien-toſt la vie :
L’animal dégourdy piqua ſon homme au bras.