Page:La Fontaine - Fables choisies, Barbin 1692, tome 4.djvu/150

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Que toute la Foreſt eſtoit importunée.
La nuit ny ſon obſcurité,
Son ſilence & ſes autres charmes,
De la Reine des bois n’arreſtoit les vacarmes
Nul animal n’eſtoit du ſommeil viſité.
L’Ourſe enfin luy dit : Ma commere,
Un mot ſans plus ; tous les enfans
Qui ſont paſſez entre vos dents,
N’avoient-ils ny pere ny mere ?
Ils en avoient. S’il eſt ainſi,
Et qu’aucun de leur mort n’ait nos teſtes rompuës,
Si tant de meres ſe ſont teuës,
Que ne vous taiſez-vous auſſi ?
Moy me taire ? moy malheureuſe !
Ah j’ay perdu mon fils ! Il me faudra traiſner
Une vieilleſſe douloureuſe.