Page:La Fontaine - Fables choisies, Barbin 1692, tome 4.djvu/68

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Quoy, dit-il, ſans mourir je perdray cette ſomme ?
Je ne me pendray pas ? & vrayment ſi feray,
Ou de corde je manqueray.
Le lacs eſtoit tout preſt, il n’y manquoit qu’un homme,
Celuy-cy ſe l’attache, & ſe pend bien & beau.
Ce qui le conſola peut-eſtre,
Fut qu’un autre eût pour luy fait les frais du cordeau,
Auſſi-bien que l’argent le licou trouva maître.

L’avare rarement finit ſes jours ſans pleurs :
Il a le moins de part au treſor qu’il enſerre,
Theſaurizant pour les voleurs,
Pour ſes parens, ou pour la terre.
Mais que dire du troc que la fortune fit ?
Ce ſont-là de ſes traits ; elle s’en divertit.