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LE COLLECTIVISME

ses enfants des secours et d’une aide s’il succombe prématurément.

Or, c’est là que nous saisissons pour ainsi dire sur le fait ce que la plupart des hommes souhaitent et désirent. Le fonctionnarisme n’est pas redouté par eux : il n’est redouté que par ceux qui l’ont organisé et qui le maintiennent tel qu’il est de nos jours, pour éterniser leur opulence et perpétuer leurs sinécures.

Les hommes, les hommes taillables et corvéables, tiennent surtout à assurer leur avenir et l’avenir de ceux qu’ils aiment et qui les aiment, et ils tiennent encore à ce que leur labeur ne les signale pas au mépris public et au dédain.

Les charmes d’une concurrence effrénée, avec ses menaces de pertes imprévues et de déconfitures possibles, ne les attirent guère ; les beautés de l’épargne, guettée par les manieurs d’affaires et raflée trop souvent par des escrocs de haut vol, ne parviennent pas à les séduire.

À ces dangers permanents et inévitables, ils préfèrent la collaboration à une œuvre collective qui leur donne le pain quotidien, sans risques et sans soucis, et qui, pour leur vieillesse, leur garantit des loisirs et des ressources.

Et voilà pourquoi le fonctionnarisme n’effraie pas la foule humaine, et voilà pourquoi elle ne repoussera pas le collectivisme, parce qu’il préconise le fonctionnarisme.

Mais elle le repoussera d’autant moins que le